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Ils sont 10 000 maires attendus pour le traditionnel congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui s’ouvre ce lundi et pour trois jours à la porte de Versailles à Paris. Plus que jamais, alors que les tensions se multiplient dans la société française, accentuées par le chamboulement géopolitique mondial, les édiles sont en première ligne. Candidat à un nouveau mandat de trois ans à la tête de l’AMF, le maire (LR) de Cannes, David Lisnard, qui vient par ailleurs d’installer le siège de son mouvement Nouvelle Énergie à Paris, répond aux questions du Point.

Le Point : Dans quel état d’esprit les maires abordent-ils ce nouveau congrès ?

David Lisnard : Le thème du congrès parle de lui-même : « Communes attaquées, République menacée ». Chacun ressent, au vu du contexte de ces dernières semaines et derniers mois, que notre nation est en danger dans ses fondamentaux républicains. Les maux se multiplient : violences, délitement civique, antagonisme identitaire, antisémitisme, insécurité culturelle, le tout combiné aux menaces extérieures et troubles géopolitiques, avec, parallèlement, la nécessité cruciale de relever les défis écologiques, numériques, économiques, démographiques. Les communes sont la dernière institution qui rassemble et crée du sentiment d’appartenance, mais elles sont fragilisées par la perte de pouvoir des maires.

Constatez-vous une contagion des tensions internationales dans vos communes ?

Cela dépend des communes. Le phénomène de tension que vous évoquez, qui se traduit notamment par des manifestations dites « propalestiniennes » ou des expressions antagonistes dans les espaces publics, se concentre surtout dans les grandes zones urbaines. S’agissant de l’antisémitisme qui se révèle dans ce contexte, chacun sait, hélas, qu’il y a eu près de quatre fois plus d’actes antisémites depuis le 7 octobre que durant toute l’année 2022. Donc, oui, on ressent des tensions et on se dit que nous marchons sur un fil. D’où le caractère irresponsable des déclarations incendiaires de quelques dirigeants politiques de la gauche radicale.

A-t-on suffisamment fait pour combattre les émeutes urbaines de l’été dernier ? A-t-on pris le mal à la racine ? Craignez-vous de nouvelles émeutes ? Cette crainte pèse-t-elle sur l’action de l’exécutif ?

Je crois que l’exécutif a peur de nouvelles émeutes. Mais rien n’est pire que de vouloir transiger pour acheter la paix sociale. Cela ne fera que reculer des échéances douloureuses. Il y aura d’autres émeutes. La question est de savoir quand et si les voyous utiliseront cette fois les armes automatiques qui pullulent dans certains quartiers dans les mains de dealers. Il faut au sommet de l’État de la constance dans les mots et de la cohérence dans les actes. Et inversement.

La crise des vocations de maires s’aggrave-t-elle ? Pour quelles raisons ?

Oui, essentiellement à cause des difficultés croissantes à pouvoir agir, auxquelles s’ajoutent tous les phénomènes de violences et de délitement civique que j’évoquais avant. Dans l’étude que nous avons conduite avec le Cevipof, nous observons que les démissions s’accélèrent : 350 par an lors de la précédente mandature ; 450 par an depuis 2020. Cela fait une moyenne de 40 démissions par mois. La hausse des incivilités, de façon générale, mais aussi à l’encontre des maires, dans la rue, sur Internet et maintenant jusque chez eux ou à l’endroit de leurs proches, pousse à hésiter voire renoncer à s’engager. Le renoncement par la menace ou la peur est inacceptable en démocratie. Nous devons être intransigeants.

Une réforme de la décentralisation est-elle à l’ordre du jour ? Dans quelle direction devrait-elle s’orienter ?

La décentralisation, c’est un peu l’Arlésienne du président de la République. Un coup, c’est inutile, un coup, c’est une priorité. En octobre 2022, il annonce qu’il va « ouvrir un nouveau chapitre de la vraie décentralisation » puis en novembre 2022, il explique que « la décentralisation n’a jamais réglé aucun problème ». Aujourd’hui, il confie une mission à Éric Woerth sur le sujet. Comme toujours, l’AMF sera présente et fera part de ses propositions pour enfin avancer sur cette question centrale, car l’organisation des pouvoirs publics, collectivités locales mais aussi services déconcentrés de l’État, est au cœur de la crise que nous traversons, qui est une crise de l’exécution. En rendant du pouvoir d’agir aux élus locaux, en leur faisant confiance, en les responsabilisant, donc en leur offrant une liberté d’action plus grande, nous irons vers davantage d’efficacité dans l’action publique, donc de défense des contribuables et de meilleur service aux usagers. Pour retrouver du sens et de la performance, il faut remplacer la bureaucratie par la démocratie locale.

Emmanuel Macron ne viendra pas s’exprimer devant les maires, une fois de plus. Comment interprétez-vous cette absence ?

Je n’interprète rien, d’autant plus que nous n’avons rien demandé. C’est Emmanuel Macron lui-même qui avait annoncé qu’il viendrait chaque année. En tout état de cause, il s’agit du congrès des maires et non celui de l’Élysée. Le gouvernement sera largement représenté avec la Première ministre et une quinzaine de ses ministres. Les présents auront raison d’être là pour prendre le pouls de la France réelle.

Qu’auriez-vous aimé lui dire ?

Que le temps est venu de faire confiance aux maires. Dans les actes.

Un maire à la tête de la France en 2027 ferait-il mieux ? Et pourquoi ?

Il serait démagogique d’affirmer que 35 000 personnes feraient mieux que le président actuel. En revanche, les maires sont des praticiens et ont une expertise de la proximité au contact direct des habitants. Ils partagent leur quotidien et sont connectés à la réalité humaine.

Vous êtes candidat ?

À la présidence des maires de France, oui. Pour le reste, nous ne sommes pas dans le temps de la présidentielle. Répondre par oui ou non à cette question serait soit alimenter un récit narcissique, soit se passer d’une caisse de résonance médiatique pour faire avancer mes idées. À quatre ans de l’élection présidentielle, le temps est à la construction d’un corpus reposant sur des principes. C’est par la constance des principes que nous rétablirons la confiance. C’est ce à quoi nous nous attelons avec mon parti, Nouvelle Énergie. Ici est le principal enjeu pour les années à venir : recréer de la confiance pour résoudre cette crise civique et sortir de ce choix mortifère entre des votes extrémistes et le techno-conformisme en proposant une alternance crédible et solide. En rupture avec le social-étatisme qui nous gouverne depuis 40 ans.

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