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Le maire de Cannes a présidé, comme chaque année, les cérémonies de la Fête nationale à Cannes. Retrouvez l’intégralité de son allocution.

« Nous voilà réunis, comme dans chaque commune de France, pour célébrer le 14 juillet.

En ce jour de fête nationale, le premier cri du cœur qui devrait jaillir de chacun de nous est : vive la France. Vive un pays si beau, un pays à la fois si contrasté et si singulier dans ses paysages, ses senteurs, sa roche, son climat, ses mers et ses cimes, ses prairies et ses villes, son patrimoine, vive une nation si riche de ses habitants, tellement inventifs et valeureux, ingénieurs et ouvriers, patrons et salariés, étudiants et fonctionnaires, retraités et actifs, associatifs et fonctionnaires, riches et pauvres, jeunes et vieux, commerçants, artisans, libéraux, soldats, policiers, gendarmes, pompiers, agriculteurs, et j’en oublie !

Vive notre pays, que je parcours comme président des maires de France, et dont l’immense majorité des habitants est le contraire de ce que nous voyons en permanence sur les médias ou les réseaux sociaux : partout, je vois une population sérieuse et solide, qui s’attache à faire sa vie dans la dignité et en pensant à ses enfants, loin des braillards professionnels, des victimes autoproclamées, des casseurs patentés.

Alors oui, mes chers amis, vive la France !

Mais pour que la France vive, il faut veiller à ce qu’elle soit respectée, il faut un sursaut civique durable, il faut embrasser notre siècle sur les défis économiques, numériques, scientifiques, écologiques, géopolitiques, démographiques, démocratiques, qui sont devant nous.

Avec pour finalités consubstantielles :

– d’une part l’indépendance de la France, sa souveraineté donc sa puissance maximale,

– d’autre part la liberté, la sécurité, la qualité de vie des Français.

Et pour modalités :

1. la production, donc la compétitivité économique par un investissement et un travail compétitifs et rémunérateurs,

2. la performance publique, c’est-à-dire le retour à des services publics de qualité pour l’usager, économes pour les contribuables, valorisants et motivants pour les agents du secteur public, avec un Etat recentré sur ses fonctions régaliennes, concentré sur sa mission de Justice, une meilleure répartition des pouvoirs pour permettre le foisonnement local par la subsidiarité, gage de responsabilité donc d’efficacité de l’action, dont l’assainissement des comptes publics est une impérieuse expression nécessaire, et de dignité individuelle par la liberté.

3. le sursaut éducatif, scientifique et culturel, source de tout progrès durable et juste, par un système d’instruction fondé sur le libre choix des parents, des chefs d’établissements et des enseignants, avec des financements publics qui suivent ces choix et non plus l’inverse. C’est par l’émulation des élèves comme des professeurs et par la compétition des établissements et leur accès au mérite, grâce au soutien aux plus modestes socialement qui veulent et peuvent réussir, que nous sortirons de cette catastrophe de l’effondrement de la France sur le plan de l’instruction dans tous les classements internationaux. Cela exige donc une rupture avec le nivellement par le bas pour le grand nombre et un système élitiste de classe, qui paradoxalement mais inévitablement résulte de l’égalitarisme dans lequel sombre depuis trop longtemps notre pays.

4. La maîtrise du peuplement du pays par une green card à la française, qui permette enfin de sortir de la situation explosive et absurde actuelle, qui permette donc de choisir, comme tous les pays du monde, qui est autorisé à venir, quantitativement et qualitativement, ce qui nécessitera au préalable un referendum pour ne plus subir les évolutions jurisprudentielles des hautes cours nationales et européennes. Il s’agit du seul moyen de régler ce problème qui ronge le pays, le fait douter de lui-même, génère des situations sécuritaires et identitaires porteuses de violences, mine la société française, favorise l’entrisme islamiste, nuit à la bonne intégration et assimilation des immigrés respectueux des lois et des mœurs du pays d’accueil.

5. le renouveau démographique par une nouvelle et réelle politique familiale : rétablissement du quotient familial intégral, de l’universalité des allocations familiales, de l’arrêt total de ces allocations à partir du quatrième enfant.

Les conditions du redressement du pays et de son avenir prospère en dépendent. Sa survie même. Donc, clamer « Vive la France », c’est affirmer la foi en un possible effort collectif justement réparti et profitable à tous. Pas de nation sans confiance mutuelle donc sans équité, pas de nation dans le repli égoïste, pas de nation française dans le communautarisme, qui irrémédiablement tourne à l’antagonisme entre groupes et à la contestation de l’universalisme qui fait l’idéal permanent et exigeant de notre république.

Alors à ce stade, en cet été 2024, en regardant la réalité actuelle de notre pays, célébrer la fête nationale ne peut que nous conduire à nous poser deux questions, brutales :

– sommes-nous encore une nation ?

– et pouvons-nous avoir l’esprit à la fête ?

quand, après des années et même décennies de déclassement économique et éducatif, le délitement régalien donc sécuritaire, le recul démographique et de dévitalisation morale, il a été décidé de façon impensée et inconsidérée par le Président de la République de dissoudre l’Assemblée Nationale pour en arriver à un pays ingouvernable, avec une fragmentation politique exacerbée.

Eh bien c’est dans cette situation chaotique qu’il va falloir faire naître les forces du renouveau pour parvenir à retrouver la prospérité et l’unité nationale.

Notre devoir d’espoir est là. Pour la France qui est une transcendance, pour nos enfants, qui sont l’essentiel.

Toujours notre pays a su rebondir quand l’histoire l’exigeait.

La France a, plus que toute autre nation, connu certes de grandes déroutes mais aussi de grandioses sursauts : sursauts quand Sainte Geneviève résiste aux Huns d’Attila et ainsi permet l’avènement royal de Clovis, sursaut quand Charles Martel bat les armées d’Al Andalus à Poitiers, sursaut quand Philippe Auguste est vainqueur à Bouvines face à toute l’Europe, sursaut quand Jeanne d’Arc, modeste paysanne, résiste à l’envahisseur anglais et fait sacrer Charles VII, sursaut quand le grand Condé triomphe à Rocroi des armées espagnoles qui s’apprêtaient à conquérir Paris, sursaut quand les soldats révolutionnaires héroïques sont victorieux à Valmy face aux armées prussiennes et autrichiennes, sursaut quand les glorieux taxis de la Marne en 1914 amorcent par le courage la future victoire hexagonale lors du premier conflit mondial, sursaut enfin et bien sûr quand, avec l’appel du 18 juin, dans les ténèbres d’une France défaite par l’envahisseur nazi avec qui l’Etat collaborera, le Général de Gaulle fait briller la flamme de la résistance et attiser le brasier d’une France libre et éternelle dans l’honneur.

Les exemples glorieux de la capacité de la France à renverser le cours de l’histoire pour retrouver sa liberté, donc sa dignité, sont nombreux.

Mais ils nécessitent pour cela un dépassement moral, des chefs à la hauteur, une lucidité de tous sur les menaces et attaques.

Or, aujourd’hui, les dangers sont réels et intenses, à la fois extérieurs et intérieurs, rencontrés dans toutes les démocraties mais aussi avec une singularité française.

Les phénomènes communs aux démocraties libérales sont ceux d’abord d’un vide spirituel et d’une crise morale consécutifs aux absurdités meurtrières européennes des conflits mondiaux et notamment de la Shoah, ensuite du ramollissement comportemental lié à l’hyper consommation, des doutes et conflits résultants de la colonisation puis décolonisation, de la remise en cause, dans les milieux universitaires notamment, par ce que l’on dénomme désormais le wokisme, des valeurs et principes de l’occident.

Car nos démocraties sont aussi attaquées de l’intérieur par des forces, de plus en plus violentes, qui lui sont hostiles.

Nous ne pouvons plus laisser faire ni détourner le regard de l’offensive wokiste qui ambitionne de détruire méthodiquement notre Nation.

Les brigades de l’ultra gauche s’affichent désormais à visages découverts et s’immiscent partout, dans nos universités, à l’école, dans les associations, dans les grandes entreprises soumises à cette nouvelle forme de pensée nihiliste.

L’intolérance manifestée par ces mêmes individus et des groupes à l’endroit des personnes qui ne partagent pas leur crédo se répand de manière agressive.

Les mouvements qui se réclament de minorités ethniques, religieuses, sexuelles, ne se contentent plus d’affirmer leur droit à l’existence et au respect, ils militent désormais en faveur de l’interdiction de tout ce qui est jugé contraire à leurs convictions.

Mais qu’ils le sachent, la Nation n’est pas un prestataire de services.

L’Espace public n’est pas une juxtaposition d’espaces privés dont les frontières sont défendues par une sensibilité individuelle à fleur de peau au nom du droit qu’aurait chacun à ne pas être offensé par l’existence de l’autre.

La France n’est pas un espace culturel neutre ou une enveloppe institutionnelle vide, ce n’est pas non plus une bulle de valeurs flottantes.

Si nous sommes ici aujourd’hui c’est que nous partageons le même attachement à la Nation. C’est la France et son histoire bimillénaire que l’on célèbre : son unité, sa singularité, sa continuité historique.

C’est dans ses valeurs et ses principes républicains que résident sa grandeur et son avenir : l’universalisme de la république française est la meilleure protection face au racisme, aux discriminations, à toutes les injustices. Nous devons y veiller comme sur un trésor fragile.

Car c’est dans nos faiblesses que s’engouffrent les empires illibéraux et de plus en plus dictatoriaux qui tentent de prendre un leadership international et attaquent, y compris par une propagande destructrice, les démocraties. Je pense bien sûr aux empires russes, chinois, perses, turques, qui ont retrouvé une dynamique conquérante sur la planète.

En cela s’ajoute l’internationale islamiste, à matrice totalitaire, dont les branches organisées, à commencer par la mouvance des frères musulmans, s’attachent chez nous à affaiblir la République française et à dominer les cœurs et les âmes.

Ajoutons à ces généralités la dégradation rapide et dangereuse en France des comptes publics, la réalité des augmentations de la délinquance, la dégradation de l’accès aux soins médicaux dans de nombreux secteurs, le bonnet d’âne hexagonal à chaque classement éducatif international, le déficit du commerce extérieur structurellement supérieur à 100 milliards d’euros qui révèle une perte de compétitivité de notre économie, et nous comprenons le mal français et en quoi cette dissolution saugrenue, car ne reposant sur aucun projet d’avenir mais uniquement sur des considérations de petites tambouilles politiciennes, ne fait qu’empirer les choses.

Les politiciens en même temps technocrates, bavards et impuissants, nous ont conduits dans cette impasse.

Il va bien falloir en sortir.

Deux risquent élevés nous guettent :

– la violence ;

– la paralysie de l’Etat.

La violence est hélas une constance récurrente de l’histoire de France que l’on songe à la fronde, aux étapes sanglantes de la révolution, à 1830, à 1848, à la Commune de Paris, etc . Aujourd’hui, cette violence est attisée par une extrême gauche activiste et factieuse qui n’hésite jamais, au nom de ses finalités politiques qu’elle estime supérieures à toute règle commune, à encourager les blocages, les insultes et pressions, les dégradations. Elle n’hésite pas non plus à soutenir les casseurs.

Préserver et pérenniser la nation française, dans sa dimension républicaine, nécessite qu’une légitime sévérité pénale s’applique contre ces porteurs de violences. Aucune ambiguïté n’est possible vis-à-vis de ces gens-là qui malheureusement ont été légitimés lors des derniers scrutins d’abord par leur adoubement au sein d’un front populaire dont les accointances de certains avec l’antisémitisme constitue une insulte à Léon Blum, ensuite par les grands adeptes du barrage dont l’indignation morale est hémiplégique car ne focalisant que sur l’hémisphère droit, et oubliant au passage que le propre du barrage est de faire monter le niveau de ce qui est bloqué.

La paralysie ensuite, est celle déjà qui voit le Président de la République, une semaine après le résultat des élections, incapable de designer un gouvernement ; puisque tout est atomisé après ces législatives précipitées, non préparées, sans laisser le temps de faire campagne, de proposer et comparer de véritables projets. Quelle sourde obstination a pu pousser le chef de l’Etat à une telle erreur? Et puisque la France que nous célébrons aujourd’hui, c’est aussi sa littérature et que celle-ci décrit mieux que n’importe quelle analyse les hommes et le monde, je ne résiste pas à vous citer ce texte :

« C’était un de ces hommes qui n’ont rien de vibrant ni d’élastique, qui sont composés de molécules inertes, qui ne résonnent au choc d’aucune idée, au contact d’aucun sentiment, qui ont des colères glacées, des haines mornes, des emportements sans émotion, qui prennent feu sans s’échauffer, dont la capacité calorique est nulle, et qu’on dirait souvent faits de bois ; ils flambent par un bout et sont froids à l’autre. La ligne principale, la ligne diagonale du caractère de cet homme, c’était la ténacité. Il était fier d’être tenace et se comparait à Napoléon. Ceci n’est qu’une illusion d’optique. Il y a nombre de gens qui en sont dupes et qui, à certaine distance, prennent la ténacité pour de la volonté, et une chandelle pour une étoile. Quand cet homme donc avait une fois ajusté ce qu’il appelait sa volonté à une chose absurde, il allait la tête haute et à travers toute broussaille jusqu’au bout de la chose absurde. L’entêtement sans l’intelligence, c’est la sottise soudée au bout de la bêtise et lui servant de rallonge. Cela va loin. En général, quand une catastrophe privée ou publique s’est écroulée sur nous, si nous examinons d’après les décombres qui en gisent à terre, de quelle façon elle s’est échafaudée, nous trouvons presque toujours qu’elle a été aveuglément construite par un homme médiocre et obstiné qui avait foi en lui et s’admirait. Il y a par le monde beaucoup de ces petites fatalités têtues qui se croient des providences. »

Claude Gueux Victor Hugo, en 1834.

Quoi qu’il en soit, les faits sont là. L’assemblée nationale est divisée comme jamais et la Constitution ne permet pas une dissolution pendant un an. Il en résulte donc qu’il va falloir pendant les douze prochains mois composer avec cette chambre à la majorité introuvable.

L’ « invention d’une nouvelle culture politique française » invoquée il y a quelques jours dans une lettre aux Français par le Président de la République n’est que le retour au pire de la IVème république : indécision au sommet de l’Etat, intrigues partisanes et arrivismes individuels parés de vertus dites républicaines, instabilité gouvernementale, jeux d’appareils, dégradation accélérée des comptes, éloignement abyssal des préoccupations des habitants…

L’enjeu est donc au cours des prochaines semaines de trouver les ressorts pour éviter le pire. Car il n’y a jamais de fatalité. Et ces sombres perspectives ne sont pas inéluctables.

La seule sortie possible est par le haut, autour de quelques mesures simples et fortes qui pourraient recueillir le soutien d’une majorité de français et de députés.

C’est la condition incontournable pour sauver les institutions et préserver la France avant une nécessaire alternance à l’issue, il nous faut le souhaiter, de véritables campagnes électorales permettant de comparer des projets et des équipes cohérents.

Je vous ai indiqué au début de mon propos quelles pourraient être les priorités de cette action urgente. Pour résumer : réorganiser les pouvoirs publics pour un Etat qui soit efficace et commencer à rétablir les comptes publics, y compris par une dose obligatoire de retraite par capitalisation au bénéfice de tous, veiller à la compétitivité du pays pour être une nation de production, cesser la culture de l’excuse et mener une politique sécuritaire ferme, renforcer l’instruction des jeunes, réduire et maîtriser l’immigration, mener une politique étrangère pro démocraties.

Dans cet esprit, j’ai diffusé cette semaine un programme sur douze mois qui devrait pouvoir réunir les responsables politiques de bonne volonté afin d’œuvrer à l’unité de la France, à sa prospérité et à sa souveraineté.

Pourquoi cette proposition ? Parce qu’il faut que la France soit gouvernée.

Dans le monde tel qu’il est, la France est condamnée à l’effondrement si elle reste immobile.

Il est donc nécessaire de prendre une série de mesures de bon sens, à réaliser le plus rapidement possible. Ces mesures, nous les avons proposées, et elles peuvent, j’en suis convaincu, susciter l’adhésion d’une majorité de parlementaires et naturellement de Français.

Car le fléau qui affaiblit nos démocraties est avant tout l’impuissance publique. A commencer sur le plan régalien, celui de la sécurité.

Exemples récents :

– personne victime de coups à la fête Bayonne avant-hier par un agresseur déjà condamné 16 fois dont 12 pour violences aggravées. Chaque individu a certainement droit à une 17ème chance, selon les adeptes de l’excuse !

– Cannes. Drame dans le secteur des Orangers. Vols de montre.

Dans le pays où l’Etat prélève le plus et dépense la plus au monde, le problème n’est pas un problème global de moyen, mais de répartition des moyens et de méthode de direction de la fonction publique. C’est essentiel et pourtant absent des débats politiques. Plutôt que de vouloir diriger nos vies, les gouvernants doivent diriger l’Etat !

C’est pourquoi la priorité est ⁠une refonte complète des pouvoirs publics avec la promotion des libertés locales autour du principe de subsidiarité pour répondre à la crise de l’exécution publique et à la crise démocratique qui en résulte car le fléau de la bureaucratie et de l’embolie institutionnelle nourrit l’impuissance publique. Dans nos vies privées, nos mairies, nos entreprises, LAISSEZ-NOUS FAIRE ! Et sanctionnez-nous a posteriori si nous sortons des clous de la loi. Seule la responsabilité, attachée à la liberté, permettra d’agir plus efficacement.

Si l’action publique va mal ce n’est pas de la faute des fonctionnaires. C’est le politique qui est responsable, tant les politiciens technocrates ont montré leur incapacité à tracer une voie, à s’y tenir et à motiver ceux qui servent l’Etat.

La qualité des services publics n’est pas forcément proportionnelle au nombre d’effectifs. Sinon, la France serait championne du monde. Elle s’améliore quand les métiers sont revalorisés et la présence sur le terrain accrue, en redonnant du sens aux missions.

A Cannes, depuis 2014, le nombre d’agents permanents a ainsi baissé de 382 et nous avons fait dans le même temps 76 M€ d’économies de dépenses courantes.

Oui il est possible, et même nécessaire, d’avoir un service public de qualité, avec moins d’agents, mieux payés et plus performants.

La priorité à l’échelle nationale est donc bien de retrouver de la performance publique pour remettre l’appareil d’Etat au service de la société. Et pour briser la spirale infernale de la dette.

La dette publique est devenue insoutenable à plus de 3100 milliards mais chacun continue de proposer de nouvelles dépenses pour le plus grand bonheur des usuriers. Cela représente plus de 45 000€ par habitant.

Depuis 2017, la dette a augmenté deux fois plus vite que la création de richesse et la charge de la dette représente 55 milliards cette année, soit 5 fois le budget de la justice, et atteindra 84 milliards en 2027.

Nos dépenses publiques atteignent près de 60% du PIB mais nous refusons de remettre en cause un système qui ne fonctionne plus.

Il n’y a pas besoin d’un audit pour comprendre que la situation est dramatique.

Nous voyons très bien qu’un pays qui stagne, qui ne produit pas et dont le déficit commercial structurel est de 100 milliards d’euros, est un pays qui se dégrade à grande vitesse.

Voilà l’état du pays qui sera laissé à nos enfants et à nos petits-enfants ? Nous ne pouvons l’accepter.

Je le répète depuis des mois, si ce n’est des années : le fil rouge de toutes nos tensions est que la France va devoir se résoudre à tirer les conséquences de son appauvrissement et faire face à la réalité des chiffres.

Dans le même temps, nos créanciers se font de plus en plus pressants puisque nous sommes de plus en plus fragiles. Parce que oui la dette, ça se rembourse.

Et depuis le mois dernier, les agences de notations commencent à nous dégrader, comme un teaser de mauvais film dont nous connaissons la fin.

L’Europe nous a mis sous surveillance et nous sommes désormais l’un des sept pays placés en procédure de déficit excessif par la Commission européenne.

En septembre, le gouvernement français, quel qu’il soit, devra soumettre une feuille de route détaillant la manière dont il compte redresser nos finances publiques.

Le courage politique, trop souvent absent de la vie politique, ce n’est pas de dire qu’il y a un problème de pouvoir d’achat ou de multiplier sur les plateaux les lapalissades inutiles.

Ce n’est pas de promettre des baisses de TVA, des chèques ou tout autre machin électoraliste qui pousse la bêtise interventionniste jusqu’à subventionner le ressemelage des chaussures ou le repassage des chemises.

Le bon sens c’est d’expliquer calmement qu’il n’y a pas d’investissements sans gestion saine. On ne dépense pas de l’argent que l’on n’a pas, surtout pour du fonctionnement et non pour de l’investissement. Cela s’appelle la règle d’or et c’est une obligation des collectivités.

Le courage politique, c’est de remettre de l’ordre dans les finances pour recréer de la prospérité.

Etre rigoureux, méthodique avec l’argent public n’est pas une option, c’est un devoir par respect pour les contribuables et les générations futures.

C’est pourquoi nous avons baissé la dette de 72 millions d’euros en dix ans et tout cela sans augmenter la fiscalité. Car la sobriété fiscale est aussi une exigence.

Et ce n’est pas parce que nous baissons les dépenses que nous arrêtons d’investir bien au contraire. C’est justement parce que nous sommes sérieux que nous pouvons continuer à améliorer la ville. Depuis 2014, 560 millions d’euros ont été investis par la municipalité pour l’environnement (et vivement qu’on ait un pouvoir sur le plan d’eau pour protéger la méditerranée, et paysage marin ! Les paquebots et autres « îles flottantes »), pour la qualité de la vie, l’attractivité, l’accessibilité notamment pour les personnes handicapées. L’année dernière ce furent plus de 80 millions et nous maintiendrons ce niveau cette année.

Je pense bien sûr au réaménagement de près de 76 000 m2 d’espace public à la Bocca avec 78 millions d’euros investis pour renforcer l’attractivité commerciale, tout en valorisant son identité de village au profit de la qualité de vie des habitants.

Je pense bien sûr à la mythique Croisette, entrée dans une phase de rénovation historique dans une démarche de développement durable, d’autosuffisance énergétique et d’autonomie en eau.

Je pense bien sûr à l’emblématique Marché Forville, construit en 1934 et dont nous avons lancé la réhabilitation complète il y a quelque mois ainsi que la réalisation d’un jardin public sur le toit.

Je n’oublie pas non plus la modernisation du Palais des Festivals et des Congrès, l’aménagement du Centre d’Art Contemporain de la Malmaison, la création d’une salle des fêtes multifonctionnelle à La Bocca ou le programme de renouvellement urbain Nouvelle-Frayère.

Parallèlement, il y a quelques semaines, nous avons gagné en justice contre Uniparc. Nous étions en contentieux depuis la reprise en régie de huit parkings de la ville en 2019. Ils nous demandaient 35 millions d’euros et ont finalement été condamnés à nous verser 1 millions d’euros.

Vous l’avez compris, la restauration de la compétitivité et l’assainissement des comptes publics sont des prérequis indispensables à un projet de réforme et de transformations profondes pour restaurer l’unité de la Nation.

Car après la période de transition que vont constituer les douze prochains mois, et en espérant un retour aux urnes quand cela sera possible, il conviendra de proposer un vrai projet de société autour de la liberté et de l’ordre juste pour s’attaquer en profondeur aux blocages de notre pays.

Ce n’est qu’au prix de ce travail politique et d’un sursaut civique que notre pays pourra retrouver une espérance et une unité.

N’oublions pas que le 14 juillet célèbre non seulement la prise de la Bastille par les révolutionnaires, action symbolique de l’émancipation populaire face à l’arbitraire royal, mais aussi la Fête de la Fédération voulue par Lafayette et validée par les parlementaires pour réconcilier le peuple et le roi.

Au 14 juillet 1789, jour symbolique de combats pour la liberté, qui marque le début de la Révolution française et l’exil d’une grande partie de la noblesse, répond donc l’année suivante, le 14 juillet 1790, la Fête de la Fédération, qui scelle la réconciliation du roi, des députés et du peuple.

Ce jour-là, le 14 juillet 1790, la France prouve au monde sa capacité à faire jaillir, avec passion et ferveur, un enthousiasme collectif.

C’est cet enthousiasme que nous célébrons de façon officielle, depuis 1880.

Un enthousiasme qui se retrouve dans les jours précédents ce grand moment d’histoire car il a fallu tout organiser en moins de trois semaines pour accueillir plus de 300 000 personnes. (Notons que le même nombre est attendu dans quelques jours à Paris pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques mais avec une préparation un peu plus longue….).

Le 14 juillet 1790, les Français, transcendant les provinces, les origines et les religions, choisissent d’être unis par la Nation auprès de la « Loi » et du « Roi ».

Des dizaines de milliers de citoyens français se portent alors volontaires pour travailler, dans la boue et sous la pluie, afin de construire un amphithéâtre sur le Champ-de-Mars avec, en son centre, un colossal Autel de la Patrie, et à son entrée, un Arc de triomphe de 25 mètres de hauteur.

50 000 gardes nationaux – milices civiles qui se battaient dans les provinces contre des soldats royaux – défilent devant le Roi et la Reine. Une fois les soldats en position, 200 prêtres, portant l’écharpe révolutionnaire, montent les marches de l’autel.

Ce jour-là, la France est porteuse d’un message pour le monde : l’unité nationale est une protection et un tremplin vers l’avenir.

Une protection car c’est bien du sentiment national que découlent la prospérité économique, la pérennité d’un modèle social, la force d’un système politique.

C’est bien du sentiment national que procèdent notre solidarité, notre confiance dans le progrès, notre estime en nous-même.

Un tremplin parce que le 14 juillet 1790 nous rappelle les espoirs dont le sentiment national est porteur.

Talleyrand déclamait alors : « Chantez et pleurez des larmes de joie car en ce jour, la France est refaite ».

Le 14 juillet 1790 célèbre aussi un idéal, un idéal français, dont nous devons être dépositaires, et qui voit la France comme une nation de citoyens, ce qui impose autant de devoirs que de droits, et une volonté d’adhérer à une communauté de destin.

Un idéal qui a ses valeurs bien sûr, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, désormais aussi la laïcité en idéal, mais qui nécessite des efforts constants, un « plébiscite de tous les jours » pour reprendre les mots d’Ernest Renan, car il n’y a pas de France sans l’effort de se vouloir Français, de se dire Français, de se penser Français ; et d’assumer un héritage qui dépasse nos individualités pour se projeter ensemble dans l’avenir, puisque « ce qui constitue une nation, toujours selon les célèbres mots de Renan, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. »

Le 14 juillet 1790, sur le Champ de mars les 300 000 personnes présentes sont persuadées que ce qui les rassemble est plus important que ce qui les divise, que demain sera mieux qu’aujourd’hui.

Voilà ce qui rend possible la France, et voilà surtout l’unique but de l’action politique.

Le 14 juillet 1790, c’est aussi la consécration de l’Assemblée nationale.

Ce corps représentatif s’était affirmé en défiant le roi lors des États généraux de 1789. Il avait déjà déclaré l’abolition de la féodalité et des privilèges fiscaux, et avait proclamé les droits naturels des hommes dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Un corps représentatif qui avait, à cette époque de la révolution française, le désir de faire rentrer la France dans l’Histoire et de lui donner tous les attributs de la grandeur.

Eh bien mes chers amis, en ce 14 juillet 2024, souhaitons que ceux qui occupent aujourd’hui l’assemblée nationale sachent se hisser à la hauteur de leur mission d’unité nationale.

C’est quand on la croyait perdue que la France a toujours su trouver et prouver au monde la capacité à faire jaillir un destin collectif.

Nous devons y travailler, nous devons être prêts. Prêts comme peuple. Prêts dans la participation civique et l’engagement politique. Prêts à être les dépositaires d’une France qui nous transcende, prêts à nous sacrifier pour celle que le Général de Gaulle, dans ses Mémoires de Guerre, décrit ainsi : « vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée de siècle en siècle par le génie du renouveau. »

Chers jeunes présents parmi nous, ce génie français fait de fidélité et d’inventivité, de classicisme et de créativité, de rigueur et d’audace, il vous tend les bras. Empreignez-vous-en ! Vous en serez les hérauts ! Embrassez la France et elle vous embrassera ! Embrasez la France et elle vous embrasera !

Vive la nation française,

Vive Cannes,

Vive la République,

Vive le France ! »

David Lisnard.

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