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David Lisnard.  François BOUCHON/Le Figaro

ENTRETIEN – Le maire de Cannes et président de l’Association des maires de France appelle à «diviser au moins par 8 l’immigration légale», en fixant «des quotas».

LE FIGARO. – Après l’attentat de Paris, vous avez dit vouloir «remettre de l’ordre» dans le pays pour ne pas le laisser «sombrer dans l’impuissance». Comment?

David LISNARD. – Par l’action politique. Aujourd’hui, la remise en ordre est indispensable. Le laxisme est devenu liberticide. La défaillance de l’État et celle de la justice créent de l’arbitraire, et donc, agissent contre nos libertés. Cette impuissance publique, constatée pas seulement sur le régalien, exaspère beaucoup les Français et ouvre la voie à des aventures extrémistes. Dans chaque secteur, il faut des mesures pour en finir avec le désordre sécuritaire, migratoire, éducatif… Tout est conditionné par la remise en ordre du fonctionnement de l’État. Cela impose aussi de mener une politique répressive, donc pénale, implacable. On observe une surdensité carcérale record et, paradoxalement, on a l’un des taux d’incarcération le plus faible d’Europe. Il faut ensuite réformer le code de justice pénale des mineurs. L’excuse de minorité doit être fixée à 13 ans dans les cas les plus graves et l’atténuation de la peine doit être à 20 % et non 50 %. Enfin, il faut couper le robinet de l’immigration légale et illégale. Diviser au moins par 8 l’immigration légale, ce qui nécessite des quotas. Il faut expulser tous les délinquants étrangers. Ces mesures de bon sens peuvent transcender les clivages partisans!

Avant l’attentat, le pays avait déjà été secoué par le meurtre du jeune Thomas à Crépol. Quelle est votre lecture de cette tragédie?

Il y a toujours une tentation de certains de vouloir amoindrir les choses. C’est un détournement d’opinion publique. Lors des émeutes, le premier réflexe a été de dire que la majorité des émeutiers s’appelaient Kevin et Matteo. Après Crépol, on se jette sur l’ultra-droite. Annecy, c’était la faute aux Suédois. La finale de la Champions League, celle des hooligans de Liverpool, etc. À Paris, on a insisté sur le prénom Armand du terroriste. Puis, on a parlé de sa folie. Or son acte a une cohérence idéologique. Concernant le meurtre de Thomas à Crépol, il faudra voir ce qui sera qualifié pénalement. Mais je fais confiance à ce qu’a dit Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère. Ce qui est certain, c’est que nous avons aujourd’hui des insultes qui n’existaient pas il y a quarante ans. «Sale Français», ça n’existait pas. Incendier les drapeaux français, 168 écoles, des mairies… Ce sont des attaques inédites. Ce n’est pas un délire d’extrémiste que de le dire.

À six mois des JO, une inquiétude monte chez les organisateurs de l’événement. Quel est votre avis?

Le monde ne va pas se paver de roses le temps des Jeux olympiques. Le véritable enjeu, c’est la France. La sécurisation de cet événement aura évidemment un impact sur les Français et l’image du pays, mais ce qui doit surtout nous préoccuper, c’est la menace permanente des attentats islamistes, hors JO. L’État n’a jamais dépensé autant d’argent public (+ 56 % du PIB), jamais autant prélevé d’impôts et n’a jamais été aussi défaillant sur ses missions de base, tout en ayant la prétention de vouloir s’occuper de tout. Et l’État, ne parvenant pas à maîtriser certains phénomènes, en vient à multiplier les atteintes aux libertés. C’est pour cela qu’un changement radical s’impose.

Faut-il rendre publiques les identités des délinquants?

Qu’on respecte l’anonymat, je trouve cela logique. Mais qu’on n’essaie pas de détourner l’opinion. On l’a vu sur Crépol, sur les émeutes, sur l’attentat de samedi. Le déni de réalité stimule les comportements extrémistes.

Est-ce le maire qui parle, ou le leader de Nouvelle Énergie?

Le citoyen engagé en politique. L’un des trois agresseurs âgés de 15 ans qui ont violemment frappé une dame de 80 ans à Cannes il y a un an est aujourd’hui dealer dans ma ville. En tant que président de Nouvelle Énergie, je croise la réalité et les concepts.

Pourquoi les Français devraient-ils refaire confiance à la droite?

Je suis un des premiers à avoir été déçu. Mais je n’ai jamais dirigé le pays donc je refuse les punitions collectives. Si je m’engage, c’est parce que je suis exaspéré par l’impuissance publique depuis quarante ans. Je propose qu’on sorte d’un système qui, sous couvert d’État-providence, a déresponsabilisé tout le monde. Ce sera long et compliqué, il faudra un travail de remise en ordre qui prendra dix ans et cela passe par un corpus d’idées que je veux pousser. Ceux qui croiront en moi seront à mes côtés et les autres ne le seront pas. Ceux qui se sont engagés et qui sont défaillants ne peuvent pas reprocher aux autres de s’engager eux-mêmes et de chercher des solutions. Je ne vais pas m’excuser. Je ne cherche pas à séduire, j’essaie de convaincre.

Les troubles psychiatriques du terroriste de Paris servent-ils à nier une partie du problème?

Oui, car cela permet d’occulter d’autres réalités, notamment religieuse et politique. La dimension psychiatrique n’est qu’un élément de l’équation, avec le parcours individuel du terroriste. Il est faux de résumer l’analyse du phénomène à des facteurs psychiatriques car cela conduit à sous-évaluer d’autres déterminants majeurs. Il existe aujourd’hui une internationale islamiste, un renouveau de l’État islamique, le retour des talibans, des connexions sourcées sur les réseaux sociaux… Je note d’ailleurs que la vidéo postée par le terroriste avant son attentat à Paris semble très structurée. Et le paramètre commun à tous ces assassins est bien l’idéologie djihadiste qui met les démocraties au défi partout en Occident. Mais l’on sait tout cela depuis longtemps sans ignorer les problèmes du secteur psychiatrique en France.

Le texte immigration, en débat au Parlement, est-il satisfaisant?

L’immigration massive est devenue un problème politique massif qui doit faire l’objet de mesures puissantes. Ces mesures ne peuvent pas être cantonnées à un 30e texte de loi depuis 1980 qui ne réglera rien en profondeur. Que l’exécutif prenne ses responsabilités! Sachant que LR a été très clair depuis le départ en disant que l’effectivité d’une politique migratoire ferme ne sera possible qu’en engageant une réforme constitutionnelle. Il faut une réorganisation des services de l’État et des jurisprudences européennes. Celles-ci nous empêchent d’exécuter des expulsions, de revenir sur l’immigration légale et le droit du sol. On ne peut pas se contenter d’une énième loi d’affichage car tout le monde sait que cela ne réglera pas le problème et trompera l’opinion. Ce qui créera la défiance, amplifiera la crise civique et nourrira l’abstention, voire l’aventure vers les votes extrémistes.

LR ne doit donc pas voter le texte?

Autant les LR étaient cohérents en soutenant la réforme des retraites, autant ils ne le seraient pas en validant une loi immigration inefficace. Le problème est trop important pour se contenter de petites touches, raison pour laquelle je pense qu’une telle réforme devrait être validée par la décision d’une souveraineté nationale telle qu’un référendum. Le résultat de cette consultation pourrait d’ailleurs nous surprendre car nombre de Français, y compris d’origine immigrée, refusent ce désordre.

Mais comment y mettre fin?

Je crois à la force de l’argumentation et des principes de la République française. Quelle que soit son origine, chaque Français est capable de comprendre aujourd’hui que l’enjeu est l’avenir de la France, dans sa sécurité, sa liberté et sa singularité républicaine.

Colère, émotion, hommage… Peut-on sortir de ce funeste cycle?

Ce sera long et difficile. Mais tout passera par un retour de la confiance sur l’exécution des choses. C’était d’ailleurs tout le sens des mots puissants de la sœur de Samuel Paty entendus lors du dernier congrès des maires. Une politique constante et cohérente s’impose contre l’exaspération.

Retrouvez l’interview en intégralité sur le site du Figaro en cliquant ici.

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