Retrouvez des extraits de son allocution officielle.
« Voilà 105 ans, la Grande Guerre prenait fin. Le premier conflit mondial auquel notre civilisation, durant quatre longues années, fut confrontée, s’achève. L’abnégation fut totale. Le sacrifice, absolu. Pour l’humanité, et sa sauvegarde. Pour la liberté de la France. Pour l’unité de la nation, aussi. Tenus par une force morale dans un même objectif, celui de gagner, les combattants n’ont jamais rien lâché. Jusqu’à parvenir à leurs fins. Que reste-t-il, dans l’esprit de notre jeunesse, de ce conflit survenu il y a plus d’un siècle ? Que reste-t-il de la conscience de ce qu’est la guerre, du malheur qu’elle provoque, des conditions souvent atroces dans lesquelles elle se joue ? Il n’est jamais trop tôt pour sensibiliser à ce que fût notre histoire, dans ses moments de gloire comme dans ses périodes plus sombres. Face aux périls du XXIe siècle, internes par le recul du civisme, le communautarisme et le djihadisme, externes face aux menaces qui pèsent sur nos démocraties occidentales. En 14-18, la communauté d’idées et surtout d’intérêts, nos vaillants soldats y appartenaient. La communauté d’espérances, surtout. « L’espérance est un risque à courir », clamait Georges Bernanos. Nous devons en saisir tout le sens, puissant dans le cœur des soldats et du peuple de France de 14-18, évanescent dans nos âmes post-modernes. Mais aujourd’hui, où est cette espérance commune, porteuse de transcendance collective, jusqu’au sacrifice individuel lorsqu’il le faut face aux menaces ? Possédons-nous encore cette unité spirituelle qui forge et fonde une Nation ?
L’attaque ignoble menée par le Hamas au sud d’Israël, le 7 octobre 2023, a réveillé, chez nous, en France, la bête infâme, celle que l’on imaginait terrée pour longtemps dans les abysses de l’obscurantisme tout en la sachant toujours, hélas, aux aguets. Je parle de l’antisémitisme. Prêt à s’emparer du moindre signal de faiblesse qui lui permettrait à nouveau de s’instiller insidieusement dans les esprits. Nos vieux démons ressurgissent. Ne nous y trompons pas : les bourreaux islamistes d’aujourd’hui sont bien des néo-nazis, aux intentions aussi funestes et destructrices. Ceux qui ne les condamnent pas avec la fermeté nécessaire, et avec le vocabulaire qui s’impose, se font les complices, directs ou indirects, de cet islamisme rampant, parfois « à bas-bruit », qui gangrène tout sur son passage. L’unité spirituelle républicaine que j’évoquais à l’instant pour nos poilus se voit déstabilisée dans ses fragiles fondations. Car l’antisémitisme, comme toute forme de racisme, est une abjection. Il s’attaque à l’être non pas pour ce qu’il fait mais pour ce qu’il est. Car, comme toute forme de domination, il faut le combattre à tous les instants, avec la plus grande vigueur. Et afficher notre concorde pour éviter l’atonie civique qui ressort toujours renforcée de nos renoncements et de nos égarements. C’est par cette vision universaliste que nous devons dénoncer l’antisémitisme, le racisme, quel qu’il soit, les persécutions des populations chrétiennes au Moyen Orient, des populations musulmanes en Chine ou par les islamistes qui demandent toujours plus de fanatisme.
Ceux qui se couchent aujourd’hui devant l’antisémitisme servent les mêmes qui se couchent devant d’autres formes de racisme, et accepteront toute soumission à la loi du plus fort. C’est ce que nous ne pouvons pas accepter, pour nos enfants. Aujourd’hui, l’expression politique de l’antisémitisme a un regain de vigueur du côté de l’islamogauchisme et du wokisme, deux extrémismes. Là où notre démocratie est en danger, l’action régalienne doit être effective et implacable. Une fois encore, la théâtralisation ne doit pas supplanter la décision publique, la seule qui vaille. Nos combattants de 14-18, sans la moindre hésitation, ont fait passer leur volonté sur l’instinct. Leur volonté d’acier, morale et physique, a primé sur l’instinct grégaire, bestial. La force d’âme et de chair a animé nos poilus du début à la fin. Ce défi spirituel et civilisationnel, nous y sommes en ce début de XXIème siècle. L’héritage antique grec puis romain n’est pas un poussiéreux et lointain élément de langage. La civilisation judéo-chrétienne n’est pas une fantaisie. Le siècle des Lumières n’est pas un leitmotiv que tout un chacun s’approprierait pour se donner bonne conscience. De tous ces legs, nous sommes les dépositaires. Dans chacun de ces apports extraordinaires, nous avons à tirer un substrat régénérateur, bénéfique, antidote aux pires obscurantismes, qui nous viennent de l’extérieur, mais aussi face aux menaces qui nous rongent de l’intérieur. Ne jamais baisser la garde est le meilleur moyen de ne pas se retrouver à genoux, impuissants. En la matière, nous avons beaucoup à apprendre des guerriers du siècle dernier. Du combat acharné des poilus, nous devons tirer une nouvelle espérance française. » David Lisnard.